Une bio de Cornelius Cardew

Cornelius Cardew 1936 -1981, musicien et compositeur britannique de musique contemporaine, improvisée et avant-gardiste, membre du groupe AMM et l’un des fondateurs du « Scratch Orchestra ».
Rares sont les musiciens du XXème siècle qui, comme Cornelius Cardew, auront essayé de faire cohabiter musique et politique avec autant d’exigence et d’inventivité. Compositeur, performeur, graphiste professionnel, il incarne à la fois les paradoxes et la formidable ébullition intellectuelle de son époque. Depuis sa disparition en 1981, son œuvre n’a cessé de prendre de l’importance.

Biographie

Né en 1936 dans une famille d’artistes, Cardew débute sa carrière musicale comme choriste. Il étudie le piano, le violoncelle et la composition à la Royal Academy of Music de Londres et devient un musicien remarquablement complet. En 1958, il devient assistant de Karlheinz Stocklhausen au Studio for Electronic Music de Cologne. Stockhausen est impressionné par les talents variés de Cardew, qui peut aussi bien interpréter de complexes partitions qu’improviser très librement.
Âgé de 22 ans il rencontre John Cage et David Tudor. Cet échange le convainc d’abandonner l’école post-sérielle pour une approche plus expérimentale.

La partition graphique

Cette époque correspond à une période de remise en cause de la notation musicale. Pour Cardew, l’interprétation musicale ne doit pas être réservée à quelques spécialistes et il écrit plusieurs partitions graphiques afin de rapprocher l’exécutant du compositeur. Selon lui, la notation est juste un moyen de stimuler l’interprète qui doit accepter et assumer son importante contribution musicale à la pièce. Il est intéressant de remarquer que, déjà, il s’éloigne de Cage qui cherche à « libérer » les sons de la partition par le biais de l’indétermination, mais impose souvent une attitude assez stricte à l’interprète.

Treatise

Son chef-d’œuvre est Treatise, qu’il compose de 1963 à 1967. Avec cette œuvre, il s’éloigne de la notation musicale traditionnelle. Treatise est un ensemble de formes géométriques enchevêtrées, traversé par une droite centrale. L’instrumentation, le nombre d’interprètes, l’établissement des rapports entre les formes graphiques et l’exécution sont libres. Aucune règle prédéfinie. Cardew espère attirer ceux qu’il appelle les « innocents musicaux », qui donneront, pense-t-il, les meilleures interprétations de l’œuvre.
Treatise est une vraie réussite musicale et fait de Cardew un compositeur très influent. Néanmoins, Treatise symbolise aussi un échec pour Cardew. En effet, les meilleures versions sont jouées non pas par des novices mais par des musiciens rompus aux pratiques musicales contemporaines. Sa remise en question de la notation n’a donc pas résolu le problème de l’accessibilité.

L’improvisation

1966 est aussi l’année où il rejoint le groupe d’improvisation libre composé alors de Lou Gare, Eddie Prévost et Keith Rowe : AMM. Il écrira un essai : Toward an Ethic of Improvisation. L’improvisation est une interaction entre les musiciens, leurs états et le contexte du jeu.

Le Scratch Orchestra

Afin de pouvoir jouer cette partition qui nécessite beaucoup de personnel, Cardew forme avec Howard Skempton et Michael Parsons le Scratch Orchestra, groupe formé en majorité de non-spécialistes. Au sein de cette micro-société artistique et démocratique, un Cardew n’a pas plus d’influence qu’un jeune inconnu. Purement conceptuelles ou articulées autour de classiques populaires, les représentations du groupe contribuent à libérer la musique de ses habitudes.
Le groupe se sépare en 1970 en raison de dissensions entre Cardew qui se revendique du marxisme et les autres membres qui refusent l’engagement politique.

Son influence

Aujourd’hui, l’œuvre de Cardew passionne de plus en plus d’artistes et les interprétations de son Treatise sont de plus en plus nombreuses.
 » Treatise est le résultat d’une collaboration entre Cardew le compositeur et Cardew le graphiste professionnel… Les formes utilisées dans Treatise sont simples – cercles, lignes, triangles, carrés, ellipses – de parfaites formes géométriques qui, d’un impeccable coup de crayon, sont soumises dans la partition à la destruction et à la distorsion. Treatise est un voyage graphique global, un enchevêtrement et une combinaison continus d’éléments graphiques donnant naissance à une longue composition visuelle dont la signification en termes sonores n’est jamais spécifiée. » (Michael Nyman, Experimental Music : Cage et au-delà)

Cornelius Cardew au piano

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